From Beijing to Beirut

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dimanche 31 décembre 2006

Bangkok

Ola boys and girls,
Je viens de passer 18h a marcher dans Bangkok sur les deux derniers jours et suis un tantinet diffracte. Je me suis donc recompense en allant chez le barbier, qui non seulement rase mieux que moi (j'admets c'est facile), coute moins cher qu'une lame de rasoir, mais qui a egalement une technique un peu mystique : apres le rasage, on a droit a un massage du visage acheve par une serviette sur les yeux et un coup de poing sur le front. A part ca, il fait tres chaud (un bon petit 30 degres), humide (et on est en saison seche!), et il y a environ 120000 (sisi) chiens errants qui hurlent a la mort pendant la nuit. La ville n'est pas particulierement belle, malgre son surnom de Cite des Anges, et s'il y a bien des trucs qui volent, elle est au moins aussi laide et brutalement polluee que sa consoeur de l'autre cote du Pacifique.
City of Angels

Malgre ca, je trouve la ville particulierement attachante des qu'one s'ecarte du ghetto blanc qu'est Khao San Road (il n'y a plus un touriste, c'est spectaculaire). Elle me rappelle un peu Hong Kong, avec son melange de vieux trucs traditionnels (il y a des canaux et la ville etait appelee autrefois la Venise de l' Est) et d'ultra-modernisme, sa densite urbaine delirante et son trafic (c'est vraiment n'importe quoi, et je pese mes mots) qui ne peuvent exister qu'en Asie. Les gamins jouant au foot dans l'enceinte du Wat Pho (gros temple au centre de Bangkok) en sont un autre exemple.
Canal
Football in Wat Pho
Comme dans toutes les villes asiatiques, on y trouve des marches gigantesques, celui de Chinatown etant assez spectaculaire : ils vendent de tout, depuis les moteurs d'helicopteres jusqu'au pompes a huile, c'est comme Castorama (ou Dassault) mais dans la rue. J'ai meme vu un bonhomme qui vendait des sieges de coiffeur...

J'ai fini dans ma ballade par arriver a Lumphini Park, sorte de bloc rassurant de verdure au milieu d'une veritable jungle urbaine, ou j'ai pu assister a un cours d'aerobic en plein air. La ou ca devient amusant, c'est qu'a 17h57, la musique s'est arretee. Pourquoi? Parce qu'a 18h00, des hauts parleurs dans la ville diffusent l'hymne national. Il faut alors s'arreter, se lever, mettre les bras le long du corps, et attendre. A 18h03, le cours d'aerobic a repris. Cette anecdote me permet d'amener habilement et subtilement sur le tapis la monarchie (constitutionnelle) thailandaise. Beaucoup de thais (si ce n'est tous) voient le roi comme une sorte de dieu vivant : son portrait est partout, la lese-majeste existe, et on n'a pas le droit de marcher sur un billet ou une piece parce que sa tete est dessus. De maniere assez amusante, il a des lunettes sur toutes les photos (quand il n'a pas un appareil photo canon, gigantesque coup de pub gratuit), ce qui est anti-divin au possible. Cette importance du roi explique ce qui s'est passe lors du dernier coup d'etat (le 20e en 70 ans!), lorsque les generaux sont alles voir le roi pour obtenir son approbation. A l'epoque, le geste m'avait surpris, mais en fait cela revenait a obtenir l'approbation du peuple. Pour ceux qui se souviennent de la photo de l'entrevue, les generaux qui venaient de prendre le pouvoir etaient a genoux ...

A cote de ca, la Thailande est aussi un pays tres bouddhiste, comme la Birmanie. Ca se voit partout : au nombre plutot eleve de temples qui parsement la ville, aux autels devant les grands hotels (!), et aux plus jeunes qui allument des batonnets d'encens un peu partout. Ce qui est particulierement interessant, c'est que la religion existe egalement chez lesdits jeunes contrairement a une bonne partie de l'occident. Au Mont Dore, on voit des adolescents de 15 ans en jeans et Tshirts debrailles venir prier et tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour de la stupa au sommet. Ci-dessous, photo tres laide -comme toutes les autres d'ailleurs, mais c'est ca Bangkok : gris et cradingue - d'un bouddha de 47m de long.
Reclining Buddha
Comme quoi, developpement et religion ne vont pas toujours dans des sens opposes (je ne parle pas de l'exception americaine).

Vu que Bangkok est une grande ville, il y a des grattes ciels qui sont eclaires la nuit. Comme j'aime bien les grattes ciels et les lumieres la nuit, j'y ai fait un saut et ai compris la phrase du guide 'Bangkok is a shopping paradise'. Bah c'est vrai : en fait, les grattes ciels sont pour partie des centres commerciaux geants, qui sont accessoirement superbes, dans un genre ultra-moderne. L'interieur du CentreWorld building en particulier est entierement blanc et il y a un piano a queue pour faire joli en bas.
Piano
A la sortie du batiment il y avait des concerts gratuits, donc j'en ai profite pour constater que la Thailande avait une scene rock plutot developpee, plutot bonne, et qui chante exclusivement en Thai. Il va donc falloir que j'aille me procurer des disques (et je les enverrai par la poste avec ma methode pour apprendre le Thai, oui j'ai encore craque). Le retour a l'hotel s'est fait en tuk-tuk (ainsi nomme en raison du bruit de son moteur a deux temps), espece de scooter avec un banc et deux roues a l'arriere qui fait un bruit de 747 au decollage des qu'il accelere. C'est assez amusant : on voit les lumieres de la ville defiler a toute allure, on respire n'importe quoi, et on est colle au siege. Ca me rappelle Taxi Driver en version... Taxi.

Bref, j'aime bien Bangkok, et j'aime bien la Thailande. Depart demain matin pour Ayuthaya, cite ancienne au nord de Bangkok.

jeudi 28 décembre 2006

Back to Bangkok

Ola boys and girls,
Je suis de retour a Bangkok (le train etait tres majoritairement en bois, cf photo),
Wooden Train in Thailand
apres avoir passe quelques jours a Kanchanaburi a l'ouest de ladite Bangkok. A mon arrivee a l'aeroport de Bangkok, j'avais rencontre un anglais (Ben, cf photo, j'ai finalement decide de mettre les photos des gens que j'ai rencontre en route) et Ben
nous etions parti sur Khao San Road (le ghetto des backpackers). Le choc a ete plutot violent : ca faisait 2 mois que j'avais pas vu autant de blancs d'un coup (qui s'habillent court soit dit en passant, ca fait assez bizarre), et tout est facile a faire (les gens parlent anglais et tout est disponible). A cote de ca, mes deux belges m'avaient dit qu'ils allaient etre a Bangkok en meme temps, on les a croise dans la rue (sisi, le monde est tres petit), et on est parti pour Kanchanaburi.

Kanchanaburi s'est avere tres agreable : parcs naturels (Erawan en particulier et chutes d'eau qui dechirent (le genre de truc qui n'existe que dans les films de fantasy, eau turquoise, buddha dans des grottes et autres singes),
Waterfall
Waterfall
Waterfall
Monkey
Buddha Enlightenment
et surtout un excellent moyen pour moi de regler tout ce que j'avais a regler. J'ai aussi fini par m'habituer a la facilite thailandaise : en Chine il y avait mais les gens ne comprenaient pas, en Birmanie les gens comprenaient mais il n'y avait pas, en Thailande tout marche bien. Et aussi c'est libre, ce qui fait tout bizarre (la lecture de l'International Herald Tribune dans le vol Thai Airways (compagnie chaudement recommandee) m'ayant fait comprendre a quel point j'etais decale).

A cote de ca, la Thailande me fait un peu penser a un gigantesque club de vacances, ou tout est prevu pour les touristes (on est meme alle faire du kayak sous le pont de la riviere Kwai le jour de Noel). C'est d'ailleurs clairement l'orientation du Lonely Planet 'Thailande', qui oublie assez brutalement que certains se promenent avec des budgets differents ou ne sont pas obsedes par les boites, bars et autres clubs. Et aussi, Coca Cola s'ecrit en thailandais.
Thai Coke

A propos des Lonely Planet, les differences d'un guide a l'autre sont assez revelatrices, en particulier en ce qui concerne la population visee. Jusqu'a present j'ai eu quatre guides entre les mains :

  • Chine : tout simplement excellent. Tout ce qui est necessaire a la survie s'y trouve, depuis les bus locaux jusqu'aux excursions un peu plus organisees, et pour tous les budgets. Il est tellement bien que les possesseurs de 'Rough Guide' (un truc concurrent) le revendaient pour un LP. Le guide a une orientation relativement culturelle (comprendre : faire la fete en Chine n'est pas la preoccupation principale), et pour des voyageurs 'long terme' (les seuls qu'on rencontre de toute facon!).
  • Birmanie : Il manque pas mal de choses pratiques (a commencer par le voyage en taxi, ce que font la plupart des gens!), mais les aspects culturels sont relativement bien couverts. Et il y a ce ridicule warning au debut, "to go or not to go", profondement agacant. Pour les voyageurs independants.
  • Thailande : tres agacant car exclusivement prevu pour des gens qui ont beaucoup d'argent et qui viennent faire la fete en Thailande. Ils donnent meme le prix du bakschisch a donner aux flics si on se fait attrapper avec de la dope sur Ko Pha Ngan! C'est vraiment n'importe quoi. Aspects culturels pas terribles, transports locaux souvent non mentionnes au profit de tours organises beaucoup plus chers. Il me parait plus adapte a des vacances familiales. Bref, c'est du foutage de gueule, je m'en suis debarasse.
  • South East Asia On a Shoestring : ca veut dire ce que ca veut dire (L'Asie du Sud-Est avec pas un rond). Il s'agit de l'original (le premier lonely planet), et il est extremement bien fait. Contient juste ce qu'il faut (aspects culturels, pratiques, administratifs, budget, etc.) , et s'occupe de tout le 'continent'. En premiere lecture, il parait un peu succinct, mais en fait il est impeccable, du meme niveau que le guide chinois. S'adresse a des voyageurs 'long terme'.
Tout ca pour dire que le guide Thailandais est tout a fait revelateur de l'ambiance generale qui regne ici : beaucoup de gens qui viennent decompresser quelques semaines (et je les comprends, c'est super bien), moins de gens qui traversent le pays avec une reelle curiosite. Du coup c'est un peu plus difficile de rencontrer du monde (ils viennent entre potes), mais bon... C'est tellement facile et reposant, pourquoi ne pas en profiter?

La suite des operations va consister en l'achat d'un visa cambodgien, suivi d'une montee vers le Nord pour aller au Laos ou j'ai l'intention de descendre le Mekong. La je suis en train d'essayer de convaincre Ben d'acheter un bateau a rames et de faire quelques kilometres sur la riviere en dormant chez l'habitant :-)

Je voudrais clore sur un truc qui n'a rien a voir (a savoir la Birmanie, et pour ceux qui ont aime les photos, il y en a d'autres sur flickr soit dit en passant), et qui m'est arrive la bas. En gros, les birmans recouvrent les bouddhas et autres gros caillous de feuille d'or pour s'assurer une meilleure reincarnation. Lesdites feuilles d'or sont preparees a partir de petit morceaux d'or soigneusement aplatis au marteau (sisi) jusqu'a atteindre une epaisseur de 10 picometres (oui, c'est petit) - nous avons eu droit a une petite demonstration (merci notre super chauffeur) de fabrication - avant d'etre appliquees a la main par les fideles/croyants (je ne sais pas comment on dit).
Le lendemain de la demonstration, nous sommes alles a la grande pagode de Mandalay ou se trouve un bouddha 'pustuleux', puisque ca fait une bonne centaine d'annees que les bouddhistes birmans le recouvrent - irregulierement - de feuille d'or. La, le guide m'a pris par la main, et m'a embarque jusqu'au bouddha (il faut monter sur une enorme estrade), m'a mis des feuilles d'or dans la main, et m'a demande de faire du collage. Ce qu'il y a, c'est qu'en meme temps il y a des gens tout autour occupes a mediter, psalmodier, prier et autres, et toute cette ferveur religieuse fait que c'est plutot intense. On sort du batiment avec une impression tres etrange, melange bizarre de calme et de respect. Evidemment, je n'ai pas de photos (c'etait autorise et propose), ca ne me paraissait pas correct.
Et aussi, comme d'hab, j'ai la patate.

samedi 23 décembre 2006

A Burmese Tale, And Bangkok (Part II)

Ola boys and girls,
J'en etais reste la derniere fois a ma decouverte du bouddhisme birman. Avant de partir, j'avais lu les recommandations sur le site de l'ambassade, dans les guides, partout, qui disent "la Birmanie est un pays bouddhiste donc..." (suivent moult recommandations). Pour le coup, c'est super ultra bouddhiste, avec des pagodes dorees dans tout les sens, parfois au milieu de nulle part (les gens font la quete partout dans le pays pour en construire de nouvelles). On avait commence avec la Pagode Shwedagon et un bouddha couche geant (cf photos ci-dessous)
Paya Shwedagon
Reclining Buddha
on a continue avec le Rocher Dore, qui est hum... inqualifiable. C'est juste spectaculaire.
Stuck?
In Awe
Par ailleurs, la birmanie compte plusieurs centaines de milliers de moines, certains permanents, d'autres temporaires, car tout bon bouddhiste birman se doit de faire 2 ou 3 retraites monastiques dans sa vie. Du coup, il y a aussi des moinillions (?), comme a la Paya Shwedagon.
Young Monks
Bref, la Birmanie, c'est bouddhiste.

Comme on se deplacait en voiture (ils roulent a droite d'ailleurs mais beaucoup de gens ont le volant a droite parce que la voiture est moins chere), on pouvait voir pas mal de choses et poser toutes les questions qu'on voulait , notre super chauffeur etant egalement un guide de premiere classe. On a aussi pu voyager dans des conditions nettement meilleures que les pickups prevus au depart. Notre Tour Operator etait aussi super fort pour les peages a l'entree et a la sortie des villes : il faut payer pour entrer et sortir dans toutes les villes et villages du pays (c'est parait-il un reste de la periode des seigneurs de guerre), et le peage consiste un garde-barriere et sa barriere (surprise surprise). La technique shaolin utilisee consiste donc a tendre un billet par la fenetre a 40km/h et a le filer au garde barriere qui a deja leve la barriere.
Local Transport
C'etait aussi l'occasion de s'arreter dans des petits Tea House le long de la route, de constater que le pays n'est vraiment pas tres developpe, a 99% agricole : charettes a boeufs et champs a perte de vue. Quand on voit ca, on se demande bien comment la Birmanie (selon les medias occidentaux) est cense parvenir a destabiliser la region!
Countryside (2)
Cars? Nope, Carts.
Cart

Apres un detour par fabuleuses les grottes de Pindaya (ou sont empilees des centaines de Bouddha)
Pindaya Caves (4)
on est parti apres vers Kalaw pour faire un peu de marche et se ballader parmi les villages des minorites (moins glauque que ce qu'on craignait, cf la Chine ou ca a vire Disneyland; ici il y a tellement peu de touristes que ca n'a pas change grand chose) et sur place on a croise un australien qui habitait depuis une dizaine d'annees dans le pays. Celui-ci a commence a nous parler, puis a aborde un sujet politique, mais a voix tres basse, nous expliquant qu'il pouvait se faire expulser tres rapidement si il etait suspecte d'activisme quelconque... Comme il faisait froid (autour de 20 degres), notre guide se les pelait sauvagement et portait donc un anorak (je ne mettrai pas plus sa photo que je ne donnerai son nom), en se justifiant d'un "for my health".

Nous sommes ensuite repartis au Lac Inle, lac sans debut et sans fin, a mi-chemin entre un marecage geant et une mer interieure. L'endroit est fascinant, et tout tourne autour du lac. Depuis les pecheurs et leur technique de rame tres speciale avec une jambe et un bras (ce qui leur permet de garder leur autre main libre) en passant par les marches flottants ou encore les potagers sur l'eau, c'est assez surrealiste. On a pu voir tout ca via une ballade en bateau d'une journee sous un soleil de plomb (et il brule, ce foutu soleil).
Fisherman
Fisherman
Family
Fields on water
Inle a egalement ete l'occasion de passer une soiree assez marrante dans un restau dont le proprietaire nous avait harponne dans la rue. Il nous a a la fin propose une partie d'echec, en pariant une bouteille de biere coupee avec du rhum (il offrait le rhum). Le bougre jouant tout a fait bien, et moi comme une merde (Pao ne joue pas), je me suis fait laminer :-) On en a egalement profite pour trouver une connexion au net excessivement lente, ce qui permet (habile transition) d'expliquer la situation la bas quant au reseau.
En gros, le reseau telephonique n'est pas terrible, donc les connexions sont frequemment via des modems classiques tres lents. Par ailleurs, tout doit transiter via Yangon, la moitie du reseau est bloque (pour acceder a gmail par exemple il faut passer par glite, sorte de portail web officieux pas encore censure, ce sont les birmans qui nous l'ont indique). En bonus, la possession d'un modem sans prevenir le gouvernement est punie par la loi. Et aussi, il n'y a pas toujours d'electricite (cf Pyay, quelques dizaines de milliers d'habitant, un seul cybercafe, et 6h de jus par jour) donc les cybercafes sont eteints (c'est vraiment le terme). Bref, le net la bas, c'est pas pour demain. En revanche, il est interessant de noter que contrairement a la Chine, la BBC est accessible. Ca me parait curieux, d'autant plus curieux que beaucoup de birmans parle anglais. Je suppose que c'est parce que trop peu de gens ont acces au net et que le gouvernement ne voit ca que comme une menace a demi serieuse. Aussi, si vous decidez betement d'appeler l'etranger, ca coute plusieurs dollars la minute, et DHL pour qu'une lettre arrive de maniere certaine c'est 300 dollars.

On a ensuite continue vers le nord, direction Mandalay et ses alentours ou se trouvent moult cites anciennes. C'est peut etre ce qu'il y a de plus surprenant dans ce pays : des ruines millenaires de partout, au milieu de la campagne, et pas un chat autour. Ca me rappelle les acqueducs dans les jardins dans la region lyonnaise :-) Mingun (le temple geant a un peu souffert a cause d'un tremblement de terre mais bon) et sa cage de foot en est un bon exemple (cf photo ci-dessous). Tout ca est lie a l'histoire politique birmane mouvementee, qui fait que sur les 1500 ans, la capitale a constamment (et entierement surtout) change d'endroit : Mingun, Yangon, Amarapura, Bagan, Mandalay (le palais royal, deux dernieres photos). In the middle of nowhere
Mingun
Mandalay Palace
Ain't He Small?
Le repas du soir (dans un cafe appartenant a des amis de notre super tour operator) a ete l'occasion de delier les langues (pas de risques), autour d'une bonne bouteille de rhum (ou de whisky, on a alterne) loca, d'autant qu'un deuxieme guide super bavard (il conduisait deux israeliens sur un trajet similaire) s'est joint a nous. Les deux ont commence a nous parler politique : black-out des news (ils faut aller sur place pour savoir reellement ce qui se passe, et les chauffeurs sont parmi les mieux informes du pays parce qu'ils se deplacent beaucoup), le 8/8/88 et sa revolte etudiante pro-democratique ecrasee par l'armee, les militaires qui ont plus de droits que les "normal people" et c'est la que notre chauffeur m'a dit qu'il n'avait plus d'espoir. Je suis reste comme un con, en essayant de lui dire que vu que la Chine s'ouvrait, et qu'elle etait le seul pays a soutenir le regime, il etait possible que quelque chose de similaire arrive au Myanmar. Il m'a repondu qu'un autre de ses clients lui avait dit la meme chose, mais qu'il n'y croyait plus. L'autre chauffeur, lui, etait plutot cynique et riait tout le temps : deux manieres de voir les choses. Le lendemain, on a pu voir un reportage sous-titre a la television dont le theme etait "je vais te montrer les realisations de mon gouvernement". On pouvait donc voir un militaire listant l'ensemble des realisations (ponts, routes) avec des commentaires du style "cette superbe route a permis a 243 millions de personnes de rejoindre Yangon" etc.
Ils nous ont aussi parle d'autres difficultes pratiques : il y a de l'electricite 6h par jour, mais parfois c'est aussi 1 jour sur 4, d'ou la necessite de recourir a des generateurs a petrole pour les infrastructures touristiques. Mais il faut payer l'essence, qui est rationnee (il faut avoir une voiture, qui est hors de prix -18000 USD pour une voiture d'environ 20 ans- depuis que le gouvernement controle les imports/exports) et donc se tourner vers le black market qui est trois fois plus cher, et se paie toujours en dollars. En prime, la monnaie locale ne valant rien, le black market est monitore par le gouvernement pour l'empecher de s'effondrer plus encore (on arrete les changeurs proposant des taux plus proches de la realite donc trop eleves). Bref, c'est le bordel.

Nous avons poursuivi la visite de Mandalay et de ses environs le lendemain : tailleurs de marbre (c'est spectaculaire, il y a vraiment une demande pour des Bouddhas de 3m de haut), universite gratuite pour les moines, et toujours plus de pagodes et de bouddhas.
Marble Cutters
An Infinite Number of Buddhas
On a termine avec le pont de UBein a Amarapura, gigantesque pont en teck d'un peu plus d'un kilometre de long traversant un lac sur lequel bosse des gens qui ont des... troupeaux de canards. Veridique.
Herd of Ducks
Et le pont de UBein, ca dechire l'univers, surtout au coucher du soleil.
UBein Bridge (2)
Japanese style
En rentrant le soir, on a joue a Megazone avec les moustiques (meme principe, sauf que c'est une petite piece toute blanche tres eclairee avec des tongs au lieu d'une grande tres noire avec des lasers), on en a liquide une vingtaine pour le raconter en faisant les malins au guide qui est alle dire aux gens de l'hotel d'aller vaporiser un insecticide dans la chambre. Bref.

Apres ca, direction Bagan, 42km2, 3 ou 4000 temples, c'est parfaitement hallucinant. C'est une sorte d'Angkor Wat birman, et bah... c'est difficile a decrire tellement c'est incroyable.
Bagan
Bagan, japanese style
Et Marge, tu te demandais qui etait Pao? C'est lui (dans une version chevalier du zodiaque, j'admets) :
Sent From Heaven
On avait remarque sur place une espece de tour facon gratte ciel plantee au milieu du site, et on se demandait qui avait pu faire ca. On etait sur un des temples quand on a pose la question a notre super tour operator, qui a repondu qu'il ne savait pas. On est reparti vers la voiture, il a ferme la porte, et nous a explique que la tour d'observation (car c'etait une tour d'observation) appartenait au gendre du president (a laquelle on pouvait aller, mais qui coutait 10$). Il a continue a en parler au repas, nous racontant comment il y a quelques annees les habitants avaient ete deplaces de force de Old Bagan (a l'epoque Bagan) dans la ville nouvelle de New Bagan. C'est comme les routes construites avec des travaux forcees : sur le bord de la route, on peut voir des femmes en costume traditionnel descendre de camions militaires pour casser des cailloux avec des marteaux et des pics. Selon le gouvernement, c'est l'armee qui a fait les travaux evidemment.

On est reparti pour Pyay le lendemain matin, et avons fait une escale par le Bouddha a lunettes (le seul dans le pays) : un roi ayant perdu sa vision divine (?) avait reve qu'en ajoutant des lunettes au bouddha, il la retrouverait. Il l'a effectivement retrouve (tant mieux pour lui), et depuis les gens viennent prier pour ameliorer ou retrouver leur vue. Il y a meme une boite transparente avec les lunettes de ceux qui sont repartis en n'en ayant plus besoin.
Bouddha with glasses
On a termine avec 2 jours paradisiaques a la plage, dans une redite de la contemplation bolivienne, sauf qu'en lieu et place de sel (deuxieme photo), c'est du sable et de la mer.
Beach
White, Blue, Moon

Au final, j'ai passe 3 semaines fabuleuses. Les birmans sont adorables (et pas seulement parce que taper un touriste c'est une tres mauvaise idee dans ce pays), la culture riche , le pays magnifique. Le seul gigantesque bemol est qu'ils sont malheureusement coinces avec ce foutu gouvernement militaire qui fait n'importe quoi.
Le plus etrange est qu'en fait les choses sont assez similaires en Chine -qui d'ailleurs soutient le regime, lui donne de l'argent, fait du commerce avec (elle est en train de phagocyter le pays en fait : on a des baguettes a quasiment tous les repas, chose inexistante il y a vingt ans, et economiquement j'ai rencontre un chinois specialiste du textile qui delocalisait sa production en Birmanie), etc. - , a ceci pres qu'elles sont faites avec plus de discretion et de subtilite (plus de moyens, plus de regards je suppose) : meme vin, nouvelle bouteille (et pas encore mature). On y trouve le meme travail force, la meme repression politique, les memes zones interdites aux etrangers (enormes dans les deux cas), les memes difficultes a avoir des visas si on est journaliste, et tout ce qui change c'est le regard du monde occidental, biaise par la taille du marche interieur. J'aimerais comprendre pourquoi au debut du Lonely Planet birman se trouvent 15 pages sur "to go or not to go" contre rien sur la Chine.
Enfin, concernant le tourisme : nous avons pose la question a nos guides si le tourisme etait une bonne chose (Aung San Suu Kyi ayant appele au boycott). Ils nous ont repondu que oui (apres avoir precise qu'ils etaient evidemment conscients que la reponse pouvait paraitre interessee). D'un point de vue strictement financier, 80 a 90% de l'argent ne va pas au gouvernement, et contrairement a ce qui est raconte, il n'est pas si difficile de donner son argent la ou il faut. Au dela de ca, ils estimaient egalement que pour les birmans, il etait tres important d'avoir des contacts avec le monde exterieur, contacts d'autant plus importants pour la jeune generation.
Ah oui aussi, je veux revenir en Birmanie.

vendredi 22 décembre 2006

A Burmese Tale And, Bangkok (Part I)

Ola boys and girls,
Disclaimer : oui j'ai pompe le titre de ce post sur Georges Orwell, et oui il y a un jeu de mot meta-vaseux qui se comprend si on lit le titre avec l'accent londonien. Je sais, j'ai peche, mais j'en avais envie :-) Aussi, ce post ne sera pas le post gigantesque promis, il sera plus court (j'ai des problemes de temps la, d'heure et de pleins de trucs lies au fait que je dois partir demain a 5h30 du mat).

Bref, me voila dans un pays libre et developpe (je suis a Bangkok, qui n'est pas a moitie aussi etouffante que ce qu'on pretend, ca me parait meme plutot tranquille) pour la premiere fois depuis deux mois. Quand Anne et Oli (mes deux belges preferes, rencontres a Xian, croises dans la rue a BKK, j'adore voyager) m'ont explique que je n'aurais pas de problemes a passer des coups de fil a l'etranger, trier mes photos, et faire un post geant la ou on allait, je ne les ai pas trop crus. Mais bon, je crois qu'ils ont raison (enfin on verra demain, dans le pire des cas je reviens a BKK). En bref, la Birmanie c'est:

  • Des gens d'une gentillesse infinie
  • Un puzzle ethnique, linguistique et culturel incroyable
  • Le royaume du bouddhisme (les 4000 temples de Bagan sur 42km2 et les moines de partout)
  • Des paysages qui dechirent (avec les couchers de soleil qui vont avec, je repense encore au pont de UBein et son kilometre de teck se refletant dans le lac, superbe)
  • Un pays pauvre et 99% agricole
  • Un regime vraiment pas gentil, mais qui rappelle beaucoup la Chine : pas de liberte, les medias occidentaux racontent n'importe quoi dans les deux cas (pour la Chine en bien, la Birmanie en mal) avec des birmans qui en font les frais. Quand notre chauffeur explique (dans un lieu sur evidemment, sinon c'est dangereux de parler politique) "We, the burmese people, we have no hope", bah ca fait mal. On a beau se dire que oui, le monde il est mechant, ca fait quand meme tres mal.
  • Des moustiques force 4 (4 comme 4 coups de tongs pour s'en debarasser, ils sont monstrueusement resistants). Ils se deplacent avec toute la delicatesse d'un B52 charges avec une (ou 500 d'ailleurs) bombe A, resistent a n'importe quoi et sont enormes. J'attends de voir les thailandais, qui (d'apres Pao) empalent (a defaut de piquer) a travers un jean.
  • un demi-fuseau horaire de decalage (c'est autant n'importe quoi que la Chine qui n'a qu'un seul fuseau horaire!)
  • Un soleil bourrin : entre 25 et 35 suivant les coins, mais je suis content m'a peau n'a pas fait des bulles et a bien au contraire pris un delicat teint blanc casse

J'y ai donc passe 3 semaines extraordinaires, et ai une patate (ou une peche, ou toute forme de cucurbitace quelconque d'ailleurs) monumentale. Apres le dernier post (il y a longtemps, j'admets, mais entre les 6h d'electricite autorisees par jour qui eteignent les cybercafes et les connexions 56K ca a ete difficile. Il faut bien concevoir que c'est un pays sous-developpe, pauvre, et pas libre du tout), j'avais perdu Pao mais je savais qu'il etait en route grace au super mail de Floflo intitule "URGEEEENT" (avec plein de E) dont j'avais pu lire le sujet avant que gmail ne disparaisse a tout jamais (je n'ai jamais compris pourquoi j'ai pu y acceder la premiere fois). Entre temps, j'avais rencontre un type a l'aeroport qui avait reussi a me mettre dans un taxi, a me filer un hotel (tres bien et pas cher), a me changer mon argent (je l'ai laisse partir avec 200$ en cash tellement je lui ai fait confiance, et il est revenu avec un stock de billets a faire pleurer Pablo Escobar), et a me convaincre de lui filer le nom de Pao pour aller l'attendre a ma place a l'aeroport.

Le lendemain, Pao est donc arrive l'hotel. J'en avais profite pour me ballader a Yangon avant (ca rappelle Potosi en Bolivie mais en version britannique : architecture coloniale decrepite et antennes satellites) et commence a gouter a la Birmanie et a ses gens adorables. Je l'ai donc trouve, lui ai pique son pognon, et n'ai pas reussi a l'envoyer dans les geoles birmanes a mon grand desespoir. En prime, le bonhomme de l'aeroport a reussi a nous convaincre de voyager luxe, a savoir en tacos, pendant 19 jours (avec chauffeur et tout et tout) pour un peu plus de 700 USD.

Nous avons donc fait la connaissance de notre chauffeur (dont je tairai le nom), chauffeur extraordinaire (en anglais dans le texte) qui nous a emmene faire une petite promenade dans Yangon, et lors du passage de la porte de la ville sur laquelle est ecrit "Towards a new modern country" n'a pas manque de lacher un "only written", avant de nous poser a la Paya Shwedagon, premier contact avec le bouddhiste birman (dont je ne realisais pas l'importance a ce moment la). Le lendemain, depart pour Bago sur les "routes" birmanes (Pao les qualifie genereusement de "chemins carrossables", pour moi c'est du GR20) en direction du rocher d'or, gigantesque caillou en equilibre precaire dans lequel etait cense se trouver un cheveu du Bouddha...

Amis lecteurs, la suite au prochain numero :-) (genre vraiment bientot, mais j'ai tout de meme 3000 photos a trier)

dimanche 3 décembre 2006

Je ne suis pas encore en prison. A la rue bientot?

Ola boys and girls,
Je suis arrive a Rangoon sans encombre (et discussion super interessante avec un chinois dans l'avion qui m'a explique plein de trucs sur la Chine avant de me proposer de faire jouer sa boite (tarifs preferentiels) pour une chambre dans un hotel 5 etoiles pour Pao et moi), suis loge en plein centre, suis bien nourri, et tout va bien, donc pour ceux qui etait inquiets, pas de probleme. Le seul hic c'est que je devais retrouver Pao a l'aeroport et que son avion n'est pas arrive parce qu'en fait il n'est jamais parti (je l'ai appris en arrivant a Rangoon grace a Floflo, merci Floflo!). A priori, ca n'est pas trop genant, sauf que c'est lui qui a les deux guides de voyage (Burma et South East Asia on A Shoestring), et surtout les 1500 dollars en cash.

Pourquoi est-ce aussi genant? Essentiellement parce que la moitie de l'economie du pays tourne en dollars, et que ni Mastercard/Visa/Cirrus/Plus/Amex ni travellers cheques ne marchent. Heureusement j'avais quelques dollars (ma paranoia habituelle), mais j'ai eu la mauvais idee d'en changer 200 (sur les 285) en kyats (la monnaie locale), avec lesquels je ne peux pas payer mon hotel. J'ai quand meme pu payer l'hotel avec ce qui depassait (13 USD) mais bon... Le plus rigolo c'est que le change ne se fait pas a la banque (on obtient un taux pipeau, 450 kyats pour un USD) mais au marche noir ou le taux est meilleur(1200 Kyats pour un USD). J'ai meme une carte de rangoon avec l'emplacement du marche noir ("I will show you where the black market is if you need money, but remember : don't do it in the street. The police may catch you", m'a-t-on dit a l'hotel) marque avec une croix. Aussi, je dois avoir environ 800g de billets (environ 250 billets de 1000 kyats), ca rend la ceinture porte-argent totalement inutile mais ca donne l'impression d'etre Tony Montana (?) dans Scarface quand je les range(!) dans mon sac a dos.

A part ca, la Birmanie ca a l'air de dechirer, les gens sont adorables (c'est parfaitement invraisemblable tellement ils sont gentils), et parlent anglais plutot bien (c'est pratique, mais ca ne m'a pas empeche d'acheter une micro-grammaire du birman pour faire joli a cote de ma methode de chinois). Demain, visite de Rangoon, on va voir avec Pao (quand on se sera trouve) ce qu'on va faire (apparemment le mieux c'est de louer un taxi pour 3 semaines, les transports publics sont quasi inexistants ), surtout cote budget a cause de ce *(@$#@ de systeme bancaire qui n'existe pas.

samedi 2 décembre 2006

L'Empire du Milieu

Ola boys and girls,
Je vais commencer par remercier Anna qui a eu la gentillesse d'uploader ses photos de la soiree de depart sur flickr. Vous les trouverez donc la. Si il y en a parmi vous qui ne veulent pas avoir leur photo sur le net, ca peut s'arranger evidemment.

A part ca, post sans photos aujourd'hui : c'est mon avant-dernier jour en Chine (et je suis de retour a Kunming), puisque je m'envole demain pour Rangoon, et a peu pres rien de particulier ne s'est passe depuis hier (a part une soiree tres sympa vin/fromage avec une mexicaine survoltee rencontree dans le bus, mais ca n'a rien a voir avec la Chine).

Qu'est ce qu'il va me rester de la Chine? Dans les aspects les plus positifs, la cuisine (c'est genial, Pedro tu serais heureux au milieu des 2345 varietes de vapeurs, des hot pots du Sichuan et autres canards pekinois), les gens plutot sympas et curieux (quand bien meme ils meprisent les occidentaux), une civilisation plurimillenaire, un choc culturel assez clair, et un pays d'un dynamisme hallucinant. La Chine est un pays autosuffisant qui n'en a que faire des contingences du monde exterieur (en pratique, c'est pas tout a fait ca, mais c'est nouveau), qui change vite, tres vite, et va finir par imposer son rythme au reste du monde. Bah oui, 20% de la population mondiale, des bleds de 5 millions d'habitants au milieu de nulle part, et dynamique en plus c'est quand meme assez impressionnant.
A cote de ca, il y a une difference enorme entre le nord et le sud, entre les villes et les campagnes, et l'enrichissement du pays ne semble profiter qu'a quelques happy fews. Ils en profitent egalement pour pourrir leur environnement dans des proportions completement hallucinantes (je n'ai vu que la partie emergee de l'iceberg, j'ai rencontre une hollandaise aujourd'hui qui etait venue de Beijing a velo et m'a raconte avoir vu une riviere toute blanche, comme du lait, tellement il y avait de produits chimiques dedans), et restreindre les libertes de la population (le net et la presse, interdire aux gens de demenager/travailler ou ils veulent, obligation de declarer a la police tout etranger qui est chez eux (j'ai rencontre un francais qui s'etait fait "denoncer" alors qu'il restait chez sa copine chinoise, les flics ont debarque), je ne parle pas du China Daily ou de la TV, superbes instruments de propagande ).

Mon seul veritable regret vient du fait que je ne parle quasiment pas chinois, et que je ne peux pas le lire non plus (ca c'est beaucoup plus genant que ce qu'on pense). Je suis persuade que ca m'a coupe de bien des choses, de bien des gens, ayant pu voir de premiere main ce que ca donnait lorsque Rob (le linguiste Kiwi) parlait. Accessoirement la langue est plutot elegante dans sa construction (on assemble des petits morceaux, on ne conjugue rien, et il faut se livrer a une certaine gymnastique intellectuelle pour comprendre) donc c'est frustrant de ne pas pouvoir en profiter. Par exemple, le mot Chine (Zhong Guo) signifie litteralement Milieu (Zhong) Pays (Guo), d'ou l'appellation Empire du Milieu et s'ecrit donc avec deux caracteres (un par "sous-mot"). De la meme maniere, un ordinateur est un cerveau electrique, et un train est un vehicule a feu (aaah la grande epoque des trains a vapeur).
En meme temps, la culture chinoise n'est pas tres "inclusive", au sens ou ils restent entre eux et ne veulent rien avoir a faire avec l'exterieur (cf les chinatowns un peu partout, je ne connais pas d'autre culture qui fasse ca de maniere aussi systematique), les chinois ne veulent pas qu'on parle leur langue (qu'ils pensent etre la plus difficile du monde, ce qui n'est pas exactement vrai - la japonais est bien pire pour nous par exemple), et ne font aucun effort pour comprendre (la prononciation chinoise etant tres difficile, langue tonale + pleins de sons qu'on a pas), donc ca n'arrange rien. Sur ce dernier point, Ben (anglais rencontre ce matin) me faisait remarquer qu'en anglais si un etranger dit "I ate bed yesterday", on va chercher un peu et trouver qu'il a voulu dire "I ate bread yesterday". A l'inverse, ca ne marche pas en Chine. Il me racontait l'histoire de cette fille qui voulait enseigner l'anglais, et qui disait en chinois qu'elle voulait etre prof. Le probleme, c'est qu'elle n'utilisait pas les bons tons (ie elle ne chantait pas comme il faut quand elle parlait, le mot "ma" n'a pas le meme sens suivant si la voix monte, descend, reste plate, etc.), et que du coup tout le monde pensait qu'elle voulait etre un rat (!). Personne n'a jamais reussi a comprendre, il a fallu qu'un chinois anglophone la corrige.

Quoiqu'il en soit, je reviendrai en juin prochain pour me promener dans les regions tabou : le tibet, et le Xinjiang (Ouest de la chine, ils parlent Uighur - ca ressemble au turc-, ont les yeux bleus et ne sont pas asiatiques, utilisent l'alphabet arabe, Beijing n'aime pas et les colonise avec des vrais chinois (des hans) et a ferme la derniere fac il y a quelques annees). Ce cote expansionniste/imperialiste chinois est d'ailleurs assez marque, et le plus bel exemple qu'on m'ait donne est sans doute Taiwan : entre les voyageurs qui se sont vu dechirer les pages de leur passeport avec leur visa taiwanais, le lonely planet confisque parce que Taiwan etait sur la carte (frontiere avec le Vietnam), ou le gros trait au marqueur sur le Phrasebook Lonely Planet de mandarin (achete a Shanghai par des hollandais, Stephanie et Mike, cf photo du train) pour corriger la carte, c'est assez spectaculaire.

La Chine me parait etre au final un pays fascinant, au passe extremement riche et a l'identite tres forte, mais violemment hermetique. Je brule de savoir a quoi le pays ressemblera dans dix ans et suis tres content d'y etre reste six semaines au lieu de trois - faute de quoi je serais passe a cote de beaucoup de choses -, mais de la a dire "China, I Love You"? A voir.