Camarades boys and girls,
J'ai fini par quitter la tres calme Van Vieng (et son ghetto pour traitres capitalistes)
Van Vieng
Van Vieng
ainsi que les quelques personnages exotiques qui peuplaient la guesthouse: Joe le sympathique irlandais a l'accent australien legerement alcoolique proprietaire de ladite guesthouse et marie a une laotienne, ainsi qu'Andy, chain-smoker anglais qui m'explique sans complexe que la veille il a eu son premier 'free one' (ce qui voulait dire 'free sex' et non pas 'free beer' comme on peut s'y attendre), en Asie du Sud-Est.
Joe
Joe The Irishman
Compulsive Smoker

Je suis donc reparti pour Vientiane, capitale du Laos et gigantesque megapole de deux cent mille habitants (il faut bien voir que le Laos fait la taille de l'Angleterre mais n'a que cinq millions d'habitants), dans laquelle il n'y a pas grand chose et rien ne se passe. Manque de chance, j'ai besoin de mon visa cambodgien, je suis donc coince ici.

Apres un trajet de quelques heures sans encombres et plutot confortable (les routes Laos sont infiniment meilleures que les routes birmanes, c'est sans commune mesure), localisation d'une guesthouse (plus complique que prevu, elles sont presque toutes pleines), premiere ballade. La ville est tout de meme curieuse : il y a une espece d'Arc de Triomphe avec des Champs Elysees et un simili-Rond Point de l'Etoile (et hop!, une overdose de majuscules), le plus haut batiment doit faire six ou sept etages et il y a un parc a bouddhas qui ne ressemble a rien.
Champs Elysees in Laos (2)
Paris in Laos
Soit dit en passant, l'opium (ou la morphine ou l'heroine ou *-ine, on m'a propose tout et n'importe quoi ici comme a Luang Prabang) a du exercer une influence certaine lors de la construction, puisque le Patuxai (c'est le nom de l'Arc de Triomphe) ne parait ni droit, ni symetrique.

En rentrant, je suis tombe sur une publicite pour Epson
Lao Commercial
que j'ai trouve assez particuliere : en Europe on vend habituellement la marque, parfois le produit mais sans liste de point de ventes pour la bonne et simple raison qu'il y en a partout. Ici, ce n'est pas le cas.

J'en ai egalement profite (sur les conseils de Thomas C, merci Thomas) pour visiter le musee national Lao, anciennement musee revolutionnaire Lao, et qui devrait plutot s'appeler musee de propagande Lao. Ca raconte l'histoire du pays : trois salles pour couvrir de -2 millions d'annees (dinosaures en plastique et faux burins du neolithique (veridique, il y a meme une longue explication pour dire pourquoi ils sont faux)) a 1950, et apres tout est a la gloire du parti communiste Lao et comment il a sauve le pays du joug des colons francais (photos edifiantes de "Le peuple est reduit en esclavage barbare") puis vaincu les vils americains.

Ce qui est interessant, c'est la maniere dont les choses sont presentees : le terme "americain" est systematiquement accompagne de l'ajectif "imperialiste", et on lit frequemment "les imperialistes americains et leurs fantoches" sur/sous les diverses photos, meubles (sur lesquels le Camarade [mettre son nom] a elabore sa strategie de liberation des imperialistes americains et de leurs fantoches), chaussettes (portees par le Camarade [mettre son nom] lors de sa marche a travers le pays, bol de riz (utilise par le Camarade [mettre son nom] ) et autres objets de culte (je suis un grand fan des carabines qui abattent des F14/F15 et autres helicopteres d'une seule balle). Seules les oeuvres completes de Lenine en Lao ne beneficient pas d'une legende. Les Francais en prennent plein la tete aussi, et il y a quelques peintures edifiante sur lesquelles on peut voir divers heros patriotes sauvant la patrie et le peuple. Apres 5 ou 6 salles de propagande historique, on a droit a la reussite du pays moderne (avec quand meme quelques photos des congres du PCL) : une photo d'une ecole ("L'education est un devoir et une priorite pour le peuple Lao"), une photo d'un hopital ("the elderly are taken care of" - je me demande bien ce que ca veut vraiment dire) et autres rassemblements des jeunesses communistes Lao. Les legendes sont parfois en anglais, parfois en francais, parfois les deux, langues des oppresseurs du passe.
Pour etre tres honnete, j'ai parfois eu du mal a ne pas rire.

Sinon ce matin le proprietaire de la guesthouse est venu frapper a ma porte parce qu'il trouvait qu'il etait tard et ne m'avait pas pas encore vu : je voulais terminer l'excellent Black and Blue de Ian Rankin et vu que je suis coince jusqu'a demain parce qu'il me faut mon visa cambodgien ca n'avait pas beaucoup d'importance de rester a l'interieur. Il m'a explique que la veille un backpacker autrichien de 29 ans etait mort d'une overdose d'hero dans la guesthouse d'a cote et que du coup il s'inquietait pour ses clients. Brrrr.

A part ca tout va bien, comme d'hab j'ai la peche, et je pars pour le sud du Laos demain soir, mon visa cambodgien en poche. La plus grosse difficulte dans ce pays semble etre de se bouger : tout le monde est dans un etat parfaitement lethargique, tout tourne au ralenti, et je fais exactement pareil.