Ola boys and girls,
Je suis arrive a Kuala Lumpur, etouffante capitale de la Malaisie - l'humidite et la chaleur sont de l'ordre du violent ici apres quelques jours passes a Penang et dans les Cameron Highlands. Bien evidemment, c'est toujours aussi multiculturel...

Penang est assez enorme dans le genre : Little India (j'ai achete un Lungyi, sorte de jupe pour homme portee en Inde monstrueusement confortable quand il fait chaud), Chinatown (evidemment), les malais musulmans, des mosquees, des temples hindous avec des indiens autour et des lampions chinois.
Mosque, Indian people, and Chinese lamps
On y trouve egalement les indispensables motos conduites par des magiciens qui font tout le charme de l'Asie du Sud-Est...
Egg carrier!
La ou ca devient vraiment funky c'est quand on va visiter un des temples claniques (ca s'appelle comme ca parce qu'au depart c'etait des temples prives appartenant a des societes partiellement secretes). D'un cote, on est bien en Chine : tout est ecrit en chinois, on n'a pas le droit de bruler des batonnets nucleaires d'encens de plus d'1m20 - les trucs qu'ils brulaient en Chine etaient de vrais troncs d'arbre-, il y a des gros lampions de partout, et les tapisseries qui vont avec.
Chinese incense in Malaysia
Chinese Clan Temple
Tapestry (1)
On continue a se ballader dans le temple, et la on se rend compte qu'on est quand meme en Malaisie, puisqu'il y a une statue d'un garde indien de l'empire britannique (avec un turban)du temps de l'empire britannique a l'entree dudit temple chinois!
British Indian guards in a Chinese temple (1)
British Indian guards in a Chinese temple (3)

Je crois que cet espece de melting pot culturel geant ou tout le monde se melange est vraiment ce qui me plait dans ce pays. On trouve a tous les coins de rues des traces des differentes cultures, que ce soit dans les temples (le Kek Lok Si qui est partiellement thai, partiellement chinois, et partiellement birman!), les panneaux (la nouveaute ici est qu'il y a du tamoul en plus du jawi, de l'anglais, du chinois, et du malais), et bien evidemment les vieilles maisons coloniales anglaises.
Kek Lok Si temple
Multicultural Penang
Old colonial house
Je trouvais tellement bizarre que tout le monde s'entende bien que je suis alle faire un peu de lecture sur wikipedia. Apparemment ils se sont vaguement bagarres en 69 -essentiellement parce que les chinois minoritaires tenaient deja l'economie et que les malais majoritaires etaient beaucoup plus pauvres-, puis a partir de 81, Mahathir Mohamad a pris les renes du pays et a applique le bouquin qu'il avait ecrit apres 69 dans lequel il pronait une forme d'affirmative action pro-malaise, ainsi que l'affirmation d'une identite nationale (via la langue en particulier), le tout ayant pour objectif de reunir tout le monde apres avoir corrige le desequilibre economique. Et bah curieusement, ca a marche. En meme temps, ce sont des gens qui habitent ensemble (chinois, anglais, indiens) depuis au moins 200 ans donc ce n'est pas comme si ils ne se connaissaient pas, et je suppose que c'est l'element le plus important ici.
Une petite curiosite egalement (enfin pas tant que ca, mais ca me parait interessant) : on a completement oublie a l'ouest que la croix gammee a une signification positive dans toutes les autres cultures. Du coup, on peut en trouver sur la poitrine d'un Bouddha...
Buddha/Swastikka

Jusqu'ici on a parle batiment, mais il y a beaucoup plus interessant, a savoir la cuisine. Vu que je voyage depuis 15 jours avec Sebastian le fin gourmet qui a eu la bonne idee de passer deux ans a Singapour, j'ai pu profiter d'un specialiste de la cuisine locale qui s'est fort sympathiquement charge de me faire gouter deux a trois nouveaux plats tous les jours. Vu que la cuisine locale est monstrueuse, je ne me suis pas fait prier.
Sebastian
J'ai donc eu droit a de la cuisine indienne, a de la cuisine chinoise, et surtout a la cuisine malaise, melange improbable de tout ce qui a jamais existe dans la region. C'est tres bizarre: a chaque bouchee le gout est different (ils melangent tout et n'importe quoi) et on a l'impression de manger quatorze plats a la fois. Du coup c'est plutot deroutant, mais on finit par s'y habituer. Sebastian decrit la cuisine europeenne comme 'one-dimensional' par rapport a la cuisine locale qui est elle 'multi-dimensional'. Dans mon top du bizarre pour l'instant : Fruit Rojak, improbable salade de fruits et legumes (concombres, navets, gingembre, pommes, ananas, mangues) avec une sauce epicee (comprendre piment, pate de crevette, pate de haricot, sucre et citron), des cacahuetes pilees et deux trois trucs encore. Apres la premiere bouchee on trouve ca bizarre, la seconde franchement etrange (ca n'a pas le meme gout qu'a la premiere), la troisieme on se dit que c'est n'importe quoi (encore un nouveau gout), et apres on trouve ca rigolo et on le mange avec plaisir. Cela dit, le gouteux Eis Kechang (glace pilee, sucre brut, eau de rose, et divers types de haricots rouges au fond le tout surmonte d'une boule de glace a la vanille) n'est pas mal non plus. Et je suis aussi tombe amoureux du Laksa (ca veut dire 10000 ingredients), qui est juste hors concours, et du Satay (brochettes de poulet et de boeuf dans une sauce aux cacahuetes/piment, Sebastian a d'ailleurs reussi a obtenir la recette du Chef) qui est tout simplement la meilleure brochette du monde ainsi que du singapourien (et classique) Chicken Rice. J'en ai aussi profite pour manger du Durian, fruit a l'odeur infernale - il est banni des hotels et des avions!- mais au gout tres particulier, a mi-chemin entre une mangue et ... un camembert.
Ce qui est pratique, c'est que tout est disponible dans des 'food courts', especes de marches couverts avec des tables au milieu qui rappellent les marches de nuit chinois ou thailandais. On debarque, on va de stand en stand (chaque vendeur est specialise dans un truc et a sa reputation) et ils apportent tout ce qu'il faut. En bonus, c'est pas cher, et on peut faire un excellent repas pour deux a trois euros. Ces food courts (avec les marches de nuit) sont sans aucun doute un des elements que j'apprecie le plus en Asie : certes il y a la diversite culinaire, mais il y aussi le cote communautaire, le fait que tout le monde se rassemble le soir pour manger au meme endroit, et sans le cote guinde (ni le cout, y compris pour les locaux) des restaurants a l'ouest. J'irais meme jusqu'a m'aventurer et dire que manger a l'exterieur est vecu ici non comme un privilege mais comme une necessite : la communaute prime sur l'individu?
Ces food courts ont aussi l'air parfaitement anarchique, en d'autres termes typiquement asiatique, et en complet desaccord avec l'habitude occidentale consistant a construire des grosses cathedrales : en l'occurrence, la ou nous aurions une grande cafeteria, ils ont pleins de petits vendeurs. Le tout est auto-regule et presque organique, exactement comme les villes au traffic indescriptible qui permet tout de meme a un pieton de traverser (Bangkok par exemple). Dans une certaine mesure, ces marches me paraissent etre le reflet de la difference entre l'asie et la culture occidentale : nous avons tous des regles (nous plus qu'eux), mais si nous les considerons comme absolues, eux les considerent plus comme des 'guidelines' et dansent fluidement autour (comme un pieton traversant la rue a Bangkok...).

Tout ca pour dire que Penang c'etait super, et que la seule difficulte c'etait la chaleur : 100% d'humidite dans l'air et 34 degres, c'est difficilement soutenable (rien a voir avec un 34 europeen) et ca empeche de dormir. Du coup, on est reparti dans le centre du pays, a savoir a la montagne, dans les Cameron Highlands. Comme c'est a 2000m, il fait une temperature impeccable (environ 25 en journee), mais sans l'humidite ultra violente de la plaine. Le seul hic, c'est que si le soleil tropical brule deja normalement (mon dos s'etait decolle pendant le snorkelling aux Perenthians), a 2000m ca devient vraiment n'importe quoi. Creme solaire mon amour...

Les Camerons Highlands, c'est comme l'Angleterre. C'est d'ailleurs tellement comme l'Angleterre que les anglais ne s'y sont pas trompes, s'y sont installes, et ont fait pousser du the -excellent soit dit en passant-. On y retrouve un climat britannique - complete with fog- , des collines verdoyantes, et on peut meme acheter des fraises.
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Tea Plantation (4)
Tea Plantation (2)
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La ressemblance finit tout de meme par s'arreter quelque part, puisqu'il y a aussi de la jungle dans le coin, meme a 2000m. J'ai donc eu la joie de pouvoir admirer mes premieres plantes carnivores tropicales dans leur element (la foret, surprise) tout en marchant sur une epaisseur de 3m50 de compost et au milieu d'arbres integralement recouverts de mousses geantes.
Pitcher plants

Depuis, arrivee a Kuala Lumpur dans un bus super-VIP (il y a normal, VIP, super-VIP) incroyablement confortable -c'est infiniment mieux qu'une premiere classe de TGV et ca coute 25 ringgits (6 euros) pour un trajet de 6 heures. Je lorgne sur les super-executive qui sont en fait des bus-avions business class: 16 sieges, un 'personal entertainment system' (je ne connais pas les details), et un siege qui masse le dos. Apparemment il y en a qui assurent la liaison Johor Bahru-KL. Je vais donc essayer ca a un moment :-)
A peine arrive a KL, j'ai eu droit a ma premiere pluie tropicale. Bon bah, c'est violent, mais alors monstrueusement violent, et ce que j'ai eu etait -d'apres Sebastian- parfaitement soft. Pour la petite histoire, le niveau d'eau sur les photos est atteint en quinze/vingt minutes. Une demi-heure plus tard il n'y a plus rien.
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Je vais donc proceder dans les jours qui viennent a la visite de KL : il y a pleins de grattes ciels a l'architecture exotique, une des plus grandes mosquees du monde (je suis curieux), c'est une grosse ville, et les malais sont toujours aussi zen (j'ai mis du temps a comprendre ce qui etait bizarre ici : personne ne crie sauf les chinois) donc je suis content. Et comme d'hab, j'ai la peche :-)