samedi 23 décembre 2006
A Burmese Tale, And Bangkok (Part II)
Par dave, samedi 23 décembre 2006 à 09:28 :: Burma/Myanmar
Ola boys and girls,
J'en etais reste la derniere fois a ma decouverte du bouddhisme birman. Avant de
partir, j'avais lu les recommandations sur le site de l'ambassade, dans les
guides, partout, qui disent "la Birmanie est un pays bouddhiste donc..." (suivent
moult recommandations). Pour le coup, c'est super ultra bouddhiste, avec des
pagodes dorees dans tout les sens, parfois au milieu de nulle part (les gens font
la quete partout dans le pays pour en construire de nouvelles). On avait commence
avec la Pagode Shwedagon et un bouddha couche geant (cf photos ci-dessous)
on a continue avec le Rocher Dore, qui est hum... inqualifiable. C'est juste
spectaculaire.
Par ailleurs, la birmanie compte plusieurs centaines de milliers de moines,
certains permanents, d'autres temporaires, car tout bon bouddhiste birman se doit
de faire 2 ou 3 retraites monastiques dans sa vie. Du coup, il y a aussi des
moinillions (?), comme a la Paya Shwedagon.
Bref, la Birmanie, c'est bouddhiste.
Comme on se deplacait en voiture (ils roulent a droite d'ailleurs mais beaucoup
de gens ont le volant a droite parce que la voiture est moins chere), on pouvait
voir pas mal de choses et poser toutes les questions qu'on voulait , notre
super chauffeur etant egalement un guide de premiere classe. On a aussi pu
voyager dans des conditions nettement meilleures que les pickups prevus au depart. Notre Tour Operator etait aussi super fort pour les peages a l'entree et a la sortie des villes : il faut payer pour entrer et sortir dans toutes les villes et villages du pays (c'est parait-il un reste de la periode des seigneurs de guerre), et le peage consiste un garde-barriere et sa barriere (surprise surprise). La technique shaolin utilisee consiste donc a tendre un billet par la fenetre a 40km/h et a le filer au garde barriere qui a deja leve la barriere.
C'etait aussi l'occasion de s'arreter dans des petits Tea House le long de la
route, de constater que le pays n'est vraiment pas tres developpe, a 99% agricole
: charettes a boeufs et champs a perte de vue. Quand on voit ca, on se demande
bien comment la Birmanie (selon les medias occidentaux) est cense parvenir a
destabiliser la region!
Apres un detour par fabuleuses les grottes de Pindaya (ou sont empilees des centaines de Bouddha)
on est parti apres vers Kalaw pour faire un peu de marche et se ballader parmi
les villages des minorites (moins glauque que ce qu'on craignait, cf la Chine ou
ca a vire Disneyland; ici il y a tellement peu de touristes que ca n'a pas change
grand chose) et sur place on a croise un australien qui habitait depuis une
dizaine d'annees dans le pays. Celui-ci a commence a nous parler, puis a aborde
un sujet politique, mais a voix tres basse, nous expliquant qu'il pouvait se
faire expulser tres rapidement si il etait suspecte d'activisme quelconque... Comme il faisait froid (autour de 20 degres), notre guide se les pelait sauvagement et portait donc un anorak (je ne mettrai pas plus sa photo que je ne donnerai son nom), en se justifiant d'un "for my health".
Nous sommes ensuite repartis au Lac Inle, lac sans debut et sans fin, a mi-chemin entre un marecage geant et une mer interieure. L'endroit est fascinant, et tout tourne autour du lac. Depuis les pecheurs et leur technique de rame tres speciale avec une jambe et un bras (ce qui leur permet de garder leur autre main libre) en passant par les marches flottants ou encore les potagers sur l'eau, c'est assez surrealiste. On a pu voir tout ca via une ballade en bateau d'une journee sous un soleil de plomb (et il brule, ce foutu soleil).
Inle a egalement ete l'occasion de passer une soiree assez marrante dans un restau dont le proprietaire nous avait harponne dans la rue. Il nous a a la fin propose une partie d'echec, en pariant une bouteille de biere coupee avec du rhum (il offrait le rhum). Le bougre jouant tout a fait bien, et moi comme une merde (Pao ne joue pas), je me suis fait laminer :-) On en a egalement profite pour trouver une connexion au net excessivement lente, ce qui permet (habile transition) d'expliquer la situation la bas quant au reseau.
En gros, le reseau telephonique n'est pas terrible, donc les connexions sont frequemment via des modems classiques tres lents. Par ailleurs, tout doit transiter via Yangon, la moitie du reseau est bloque (pour acceder a gmail par exemple il faut passer par glite, sorte de portail web officieux pas encore censure, ce sont les birmans qui nous l'ont indique). En bonus, la possession d'un modem sans prevenir le gouvernement est punie par la loi. Et aussi, il n'y a pas toujours d'electricite (cf Pyay, quelques dizaines de milliers d'habitant, un seul cybercafe, et 6h de jus par jour) donc les cybercafes sont eteints (c'est vraiment le terme). Bref, le net la bas, c'est pas pour demain. En revanche, il est interessant de noter que contrairement a la Chine, la BBC est accessible. Ca me parait curieux, d'autant plus curieux que beaucoup de birmans parle anglais. Je suppose que c'est parce que trop peu de gens ont acces au net et que le gouvernement ne voit ca que comme une menace a demi serieuse. Aussi, si vous decidez betement d'appeler l'etranger, ca coute plusieurs dollars la minute, et DHL pour qu'une lettre arrive de maniere certaine c'est 300 dollars.
On a ensuite continue vers le nord, direction Mandalay et ses alentours ou se trouvent moult cites anciennes. C'est peut etre ce qu'il y a de plus surprenant dans ce pays : des ruines millenaires de partout, au milieu de la campagne, et pas un chat autour. Ca me rappelle les acqueducs dans les jardins dans la region lyonnaise :-) Mingun (le temple geant a un peu souffert a cause d'un tremblement de terre mais bon) et sa cage de foot en est un bon exemple (cf photo ci-dessous). Tout ca est lie a l'histoire politique birmane mouvementee, qui fait que sur les 1500 ans, la capitale a constamment (et entierement surtout) change d'endroit : Mingun, Yangon, Amarapura, Bagan, Mandalay (le palais royal, deux dernieres photos).
Le repas du soir (dans un cafe appartenant a des amis de notre super tour operator) a ete l'occasion de delier les langues (pas de risques), autour d'une bonne bouteille de rhum (ou de whisky, on a alterne) loca, d'autant qu'un deuxieme guide super bavard (il conduisait deux israeliens sur un trajet similaire) s'est joint a nous. Les deux ont commence a nous parler politique : black-out des news (ils faut aller sur place pour savoir reellement ce qui se passe, et les chauffeurs sont parmi les mieux informes du pays parce qu'ils se deplacent beaucoup), le 8/8/88 et sa revolte etudiante pro-democratique ecrasee par l'armee, les militaires qui ont plus de droits que les "normal people" et c'est la que notre chauffeur m'a dit qu'il n'avait plus d'espoir. Je suis reste comme un con, en essayant de lui dire que vu que la Chine s'ouvrait, et qu'elle etait le seul pays a soutenir le regime, il etait possible que quelque chose de similaire arrive au Myanmar. Il m'a repondu qu'un autre de ses clients lui avait dit la meme chose, mais qu'il n'y croyait plus. L'autre chauffeur, lui, etait plutot cynique et riait tout le temps : deux manieres de voir les choses. Le lendemain, on a pu voir un reportage sous-titre a la television dont le theme etait "je vais te montrer les realisations de mon gouvernement". On pouvait donc voir un militaire listant l'ensemble des realisations (ponts, routes) avec des commentaires du style "cette superbe route a permis a 243 millions de personnes de rejoindre Yangon" etc.
Ils nous ont aussi parle d'autres difficultes pratiques : il y a de l'electricite 6h par jour, mais parfois c'est aussi 1 jour sur 4, d'ou la necessite de recourir a des generateurs a petrole pour les infrastructures touristiques. Mais il faut payer l'essence, qui est rationnee (il faut avoir une voiture, qui est hors de prix -18000 USD pour une voiture d'environ 20 ans- depuis que le gouvernement controle les imports/exports) et donc se tourner vers le black market qui est trois fois plus cher, et se paie toujours en dollars. En prime, la monnaie locale ne valant rien, le black market est monitore par le gouvernement pour l'empecher de s'effondrer plus encore (on arrete les changeurs proposant des taux plus proches de la realite donc trop eleves). Bref, c'est le bordel.
Nous avons poursuivi la visite de Mandalay et de ses environs le lendemain : tailleurs de marbre (c'est spectaculaire, il y a vraiment une demande pour des Bouddhas de 3m de haut), universite gratuite pour les moines, et toujours plus de pagodes et de bouddhas.
On a termine avec le pont de UBein a Amarapura, gigantesque pont en teck d'un peu plus d'un kilometre de long traversant un lac sur lequel bosse des gens qui ont des... troupeaux de canards. Veridique.
Et le pont de UBein, ca dechire l'univers, surtout au coucher du soleil.
En rentrant le soir, on a joue a Megazone avec les moustiques (meme principe, sauf que c'est une petite piece toute blanche tres eclairee avec des tongs au lieu d'une grande tres noire avec des lasers), on en a liquide une vingtaine pour le raconter en faisant les malins au guide qui est alle dire aux gens de l'hotel d'aller vaporiser un insecticide dans la chambre. Bref.
Apres ca, direction Bagan, 42km2, 3 ou 4000 temples, c'est parfaitement
hallucinant. C'est une sorte d'Angkor Wat birman, et bah... c'est difficile a
decrire tellement c'est incroyable.
Et Marge, tu te demandais qui etait Pao? C'est lui (dans une version chevalier du
zodiaque, j'admets) :
On avait remarque sur place une espece de tour facon gratte ciel plantee au
milieu du site, et on se demandait qui avait pu faire ca. On etait sur un des
temples quand on a pose la question a notre super tour operator, qui a repondu
qu'il ne savait pas. On est reparti vers la voiture, il a ferme la porte, et nous
a explique que la tour d'observation (car c'etait une tour d'observation)
appartenait au gendre du president (a laquelle on pouvait aller, mais qui coutait
10$). Il a continue a en parler au repas, nous racontant comment il y a quelques
annees les habitants avaient ete deplaces de force de Old Bagan (a l'epoque
Bagan) dans la ville nouvelle de New Bagan. C'est comme les routes construites
avec des travaux forcees : sur le bord de la route, on peut voir des femmes en
costume traditionnel descendre de camions militaires pour casser des cailloux
avec des marteaux et des pics. Selon le gouvernement, c'est l'armee qui a fait
les travaux evidemment.
On est reparti pour Pyay le lendemain matin, et avons fait une escale par le
Bouddha a lunettes (le seul dans le pays) : un roi ayant perdu sa vision divine
(?) avait reve qu'en ajoutant des lunettes au bouddha, il la retrouverait. Il l'a
effectivement retrouve (tant mieux pour lui), et depuis les gens viennent prier
pour ameliorer ou retrouver leur vue. Il y a meme une boite transparente avec les
lunettes de ceux qui sont repartis en n'en ayant plus besoin.
On a termine avec 2 jours paradisiaques a la plage, dans une redite de la
contemplation bolivienne, sauf qu'en lieu et place de sel (deuxieme photo), c'est
du sable et de la mer.
Au final, j'ai passe 3 semaines fabuleuses. Les birmans sont adorables (et pas
seulement parce que taper un touriste c'est une tres mauvaise idee dans
ce pays), la culture riche , le pays magnifique. Le seul gigantesque bemol est
qu'ils sont malheureusement coinces avec ce foutu gouvernement militaire qui fait
n'importe quoi.
Le plus etrange est qu'en fait les choses sont assez similaires en Chine -qui
d'ailleurs soutient le regime, lui donne de l'argent, fait du commerce avec (elle
est en train de phagocyter le pays en fait : on a des baguettes a quasiment tous
les repas, chose inexistante il y a vingt ans, et economiquement j'ai rencontre
un chinois specialiste du textile qui delocalisait sa production en Birmanie),
etc. - , a ceci pres qu'elles sont faites avec plus de discretion et de subtilite
(plus de moyens, plus de regards je suppose) : meme vin, nouvelle bouteille (et
pas encore mature). On y trouve le meme travail force, la meme repression
politique, les memes zones interdites aux etrangers (enormes dans les deux cas),
les memes difficultes a avoir des visas si on est journaliste, et tout ce qui
change c'est le regard du monde occidental, biaise par la taille du marche
interieur. J'aimerais comprendre pourquoi au debut du Lonely Planet birman se
trouvent 15 pages sur "to go or not to go" contre rien sur la Chine.
Enfin, concernant le tourisme : nous avons pose la question a nos guides si le
tourisme etait une bonne chose (Aung San Suu Kyi ayant appele au boycott). Ils
nous ont repondu que oui (apres avoir precise qu'ils etaient evidemment
conscients que la reponse pouvait paraitre interessee). D'un point de vue
strictement financier, 80 a 90% de l'argent ne va pas au gouvernement,
et contrairement a ce qui est raconte, il n'est pas si difficile de donner son
argent la ou il faut. Au dela de ca, ils estimaient egalement que pour les
birmans, il etait tres important d'avoir des contacts avec le monde exterieur,
contacts d'autant plus importants pour la jeune generation.
Ah oui aussi, je veux revenir en Birmanie.