Ola boys and girls,

Cela va faire longtemps, trop longtemps que je n'ai pas poste. Essentiellement, une combinaison de connexions limitees au Pakistan, free.fr bloque depuis la Turquie pendant un moment, et ma propre flemme ont fait que je n'ai rien fait. Je suis maintenant en Iran, a Shiraz. Attention, le post est LONG.

J'avais fini par sortir du Pakistan une semaine apres le dernier post (cf photos de la vallee des Hunzas ci dessous), pour me diriger vers la Turquie (problemes de visa) en avion, apres une derniere soiree incroyable dans le quartier des fabricants de pieces detachees a Rawalpindi/Islamabad. Le Pakistan au final c'etait extraordinaire, mais tres difficile a mettre en mots. Essentiellement, vu que je pouvais baragouiner de l'Ourdou (c'est la meme chose que l'Hindi), ca m'a permis de discuter avec des gens avec qui je n'aurais pas pu discuter normalement. Avoir une discussion basique sur l'islam (et la recherche d'Islam) avec un bonhomme qui ne veut pas vous parler au debut puis qui change de comportement lorsque brutalement vous vous mettez a parler sa langue, c'est sympa
Hunza Valley, Pakistan
Pakistan, Hunza Valley
L'arrivee a Istambul, ville moderne, tenait de la science-fiction apres Rawalpindi/Islamabad, et je crois que j'avais l'air bien bete dans l'aeroport et dans le metro en regardant avec des yeux comme des soucoupes ce que j'avais autour de moi.

Sur les conseils de Luis, photographe avec qui j'ai passe du temps au Pakistan, j'ai atterri a la Mavi Guesthouse, sympathique guesthouse dans une ruelle tranquille ou j'ai passe le plus clair de mon temps a me reposer -j'etais bien claque apres le Pakistan-, a discuter avec les voyageurs de passage (dont deux Benjamins), a me baffrer de pain et de fromage (je reve de roquefort et d'un camembert bien fait), et a faire la connaissance de Yacine et Achour, sympathique berberes bluesmen algeriens bossant a Istambul.
Mavi Guesthouse
Benjamin
Et quand Achour s'y mettait et que Yacine chantait, le blues des berberes d'Istambul dechirait bien.
Achour
A cote de ca, il y avait Saif, surnomme Chams, qui vendait des caviars et des loukoums au grand bazar, et qui avait le bagout qui allait avec. Il nous racontait sa vie a grand renfort de subtiles metaphores (les poissons et les requins), et quand il ne fallait pas que les requins autour entendent, il nous assenait un grand "Attention attention! Les paraboles sont partout!".
Chams

En dehors de ces multiples rencontres, et du fait que j'avais vraiment l'impression d'etre en Europe - quoiqu'en disent les americains qui paniquaient la premiere fois qu'ils entendaient l'appel a la priere!-, Istambul est tout betement une des plus belles villes que j'ai vu, tout en contraste, avec son cortege de monuments, de pecheurs, et de grattes ciels. Pour un peu, je m'y installerais bien.
Aya Sofia
Fishing (3)
Modern Istanbul (2)

J'ai fini par m'arracher a regret de cet endroit merveilleux - j'y ai passe presque deux semaines- pour me diriger vers la capadoce et ses paysages completement delirants, ou on trouve des eglises byzantines sculptees dans la roche un peu partout. L'endroit est calme, beau, et hallucinant.
Capadoccia
A cote de ca, j'attendais toujours mon foutu visa iranien, qui apres quelques coups de telephone en Iran, a fini par arriver. Comme quoi, en insistant poliment, on finit toujours par obtenir ce qu'on veut...

Pour obtenir ledit visa, il fallait que je m'enfonce un peu plus en Turquie, a savoir a Erzurum, ou se trouvait le consulat Iranien. J'y ai rencontre le personnage le plus extraordinaire de mon voyage jusqu'a present, a savoir Samuel, a qui il manque l'usage d'un bras, et qui marche (sisi, a pied) de Barcelone a Kathmandu en allant de site sacre en site sacre.
Samuel the walker

Quelques jours plus tard, pas loin de la frontiere, je decouvre l'hospitalite Kurde -les gens la bas se presentent comme kurdes, pas turcs- en passant quelques jours chez Parachute, ami d'une francaise qu'avait rencontre Benjamin (un des francais d'Istambul) dans le bus. Les kurdes en ont visiblement pris plein la tete de la part du gouvernement turc (qui fait comme le gouvernement francais il y a cent ans, mais nous on est amnesique), et vu que c'etait les elections, c'etait plutot tendu, malgre les litres de raki qui, disons le, coulait a flot. Apparemment, Parachute n'etait pas apprecie des turcs d'une parce qu'il etait kurde, de deux parce qu'il portait une moustache particuliere synonyme de revendication politique, et dans un pays ou kurde est synonyme de terrorisme, ca passe pas trop. Le coin etait plein de tanks et autres rejouissances militaires, et les policiers turcs qui etaient la voulaient tous partir.

En ce qui me concerne, mon bilan turque, c'est que la Turquie et l'Europe, c'est quand meme tres tres tres tres proche. Je veux bien admettre que ca va faire bientot dix mois (eh oui) que je voyage et que du coup de moins en moins de choses me surprennent, mais tout de meme, c'est vraiment vraiment tres tres tres proche. Du coup, j'ai eu l'impression de rentrer a la maison avant l'heure.

Quelques jours plus tard, j'etais en Iran, apres un passage de frontiere sans douleur ou le douanier m'avait souhaite au revoir et bon voyage en francais! Je suis donc arrive un peu par hasard a Ispahan (j'ai fait beaucoup de bus), ville incroyablement belle et aux gens tres accueillants.
J'ai egalement rencontres deux suisses cyclistes, pedalant jusqu'en Inde. L'un d'entre eux etait d'origine indienne et retournait visiter son orphelinat, et ses gigantesques dreadlocks attiraient tous les regards des iraniens qui le photographiaient plus ou moins constamment.
Gerry(1)
Albert
Bridge

Ispahan a aussi ete l'occasion de constater que l'iran n'est pas exactement comme ce que les medias (ou la propagande, c'est selon) occidentaux nous racontent. En meme temps, apres dix mois de voyage, ca ne me surprend plus vraiment. Je ne m'attendais pas en tout cas a voir les familles iraniennes faire du pedalo sur la riviere a Ispahan
Pedal boats in Esfahan
pendant que tout le monde piquenique sur des tapis(!) dans les jardins qu'on trouve un peu partout . L'accueil est extraordinaire (je dois avoir les numeros de telephone et adresses avec plans(!) de la moitie d'Ispahan et il faut avoir vu un iranien rentrer dans la sandwicherie ou on etait en train de commander, nous parler allemand, payer pour nous, puis repartir sans demander son reste), les gens semblent preoccupe par l'image de l'iran a l'exterieur qu'ils savent mauvaise, et ils sont tres curieux de savoir d'ou on vient et comment c'est chez nous.
Les jeunes en particulier, nombreux, semblent assez malheureux et passent leur temps a demander comment ca se passe chez nous entre les garcons et les filles : comment parler a une fille/un garcon? Est-ce que c'est vrai qu'on peut vivre ensemble non-maries? Ils veulent se voir, mais n'ont pas le droit, donc ca complique les choses. Apres, ca depend egalement des villes, Shiraz (ou je suis actuellement), semble plus liberale que Yazd (conservatrice) ou Ispahan (au milieu???).
Plus etonnant, je me suis fait aborder par plusieurs jeunes hommes qui m'ont explique de but en blanc que j'etais mignon et qui voulait savoir ce que je pensais d'eux ou qui m'ont demande si ca me posait probleme de vivre avec une fille lorsque je disais qu'a 26 ans je n'etais pas marie (on se marie tard en plus en Iran). J'avais eu une experience similaire au pakistan ou lors d'un arret de bus au milieu de nulle part, un jeune pakistanais m'avait fait des avances tout en m'expliquant qu'il etait malade dans sa tete (c'est l'expression qu'il avait employe, la conversation avait lieu en Ourdou donc c'etait limite, mais ca j'avais compris). Reflexion faite, dans une societe qui ne tolere absolument pas ce genre de chose -on peut etre condamne a mort apparemment-, tenter le coup avec un occidental ne presente pas de risque : dans le pire des cas, il dira non (soit qu'il ne veuille pas soit qu'il soit hetero) , mais n'ira pas voir la police ni la famille. Dans le cas du pakistanais, j'avais vraiment l'impression qu'il etait desespere et essayait avec tous les occidentaux qui passaient.
Toujours dans les histoires hommes/femmes, le contraste avec le Pakistan est saisissant : la ou au Pakistan on ne voyait jamais de femmes (elles etaient toutes cachees a l'interieur, dans le plus style societe traditionnel), en Iran on les voit partout. Certes elles n'ont pas les memes droits, mais en ont et s'en servent. La presentratrice du journal TV est une femme, tout comme ma guide a Persepolis.
Iranian TV news host
Cote discussions, c'est etonnamment difficile. Si l'education est tres importante (on m'a demande carrement "what is your education" et apres avoir repondu on m'a dit "I am PhD in...." et sa copine "I am Masters in Linguistics", j'avais l'impression de passer un mauvais entretien d'embauche), tres peu d'Iraniens parlent des langues etrangeres, et tres peu l'anglais. J'ai surtout parle allemand, francais (tres bien vu ca), et un peu arabe (mal vu, ils les considerent comme des barbares). Ceux qui parlent une langue etrangere sont ceux qui ont habite a l'etranger, ou qui cherchent a quitter le pays pour ne jamais revenir - ils sont tres nombreux, il y a une gigantesque fuite des cerveaux-. Globalement il ressort quand meme de ceux avec qui j'ai discute (il y a naturellement un biais de selection, attention), qu'ils veulent plus de liberte et qu'ils en ont marre de leur president, surtout depuis que l'essence est rationnee.Enfin, globalement, ce n'est pas le pays violent et qui vit dans la peur qu'on nous decrit a la maison!
Esfahan - Imam Square

Apres Ispahan, direction Yazd , ville conservatrice mais a l'architecture superbe, ou j'ai abandonne mes deux suisses pour aller sur Shiraz.
Yazd

Pourquoi Shiraz? Parce qu'a Shiraz il y a Persepolis! Et aussi plein de trucs evidemment...
Persepolis (1)
Persepolis (2)
Persepolis (3)
Persepolis (4)
Ce qui est rigolo, c'est qu'il y a plein de touristes iraniens, et surtout pas mal avec des sparadraps sur le nez qu'ils se font tous refaire le nez qu'ils trouvent tous trop gros/long/etc.

La suite des operations va consister a retourner sur Ispahan (j'y peux rien, j'adore cette ville, c'est comme Istambul), et apres, je ne sais pas encore. Peut etre retourner a Teheran (c'est pollue, laid, et le traffic est delirant, j'avais pas aime), je ne desespere pas de trouver le dernier Harry Potter! Cadeau bonus avant de vous laisser : le centipede geant de l'Inde de mon frere (ca fait vraiment 25cm) et c'est vraiment super vil comme bete...

Centipede - 25cm