Ola boys and girls,

Ca faisait un bout de temps que je n'avais pas donne de nouvelles, il est temps de rattrapper le temps perdu. Pour faire court : je suis actuellement a Kampot, au Cambodge, apres etre sorti du Laos a regret (visa au bord de l'expiration) il y a une dizaine de jours et j'ai passe l'essentiel de la fin du Laos et du Cambodge avec deux charmantes anglaises nommees Kat et Estela, rencontrees a Pakse - ville qui a suivi Vientiane, au Laos. Il est donc l'heure du long flashback sur ces deux dernieres semaines (ou plus d'ailleurs, le Laos est une vraie warp-zone temporelle -speciale dedicace aux joueurs de supermariobros).

Apres Vientiane, je suis donc parti pour Pakse dans un bus VIP (comprendre bus non local) rose fluo nomme 'king of bus' avec des decorations discos sorties tout droit des annees 70 a l'interieur particulierement funky. Le bus s'est avere moyennement confortable, mais la clim tolerable (ou comment attrapper la mort dans un pays tropical), et le trajet finalement sans encombre. Une fois arrive a Pakse, direction les chutes d'eau locales (oui Shrek, ca fait restau chinois, mais la j'ai un arc en ciel en bonus) plutot mignonnes, que j'aurais aime voir en saison humide. L'ensemble du coin est franchement joli, mais pas non plus exceptionnel.
Waterfall with rainbow

La majorite des gens utilisent Pakse comme base pour un day-trip a Champasak, ou se situe un des plus importants temples bouddhistes du pays. En bonus, il y avait un festival qui durait dix jours, je me suis donc dit que ca pourrait etre sympa. Le hic, c'est qu'il faut louer une moto, et que je ne sais pas comment ca se conduit. J'ai neanmoins pris mon courage a 17 mains, suis alle au magasin, et demande a louer une 'bike' (ca s'appelle comme ca, parce que motorbike), ils me l'ont donne, et je leur ai demande comment ca se conduisait. La dame : 'You've never ridden a bike before?' moi : 'ummm... not really.' elle : 'Oh my god!'. Le bonhomme d'a cote a ensuite passe 5 minutes avec moi a m'expliquer, et je lui ai rendu la moto ayant decide que mourir apres quatre mois de voyage etait une tres mauvaise idee. Je me suis donc rendu le lendemain a Champasak mais en bus cette fois!
Champasak etait plutot agreable, le temple peu interessant, mais le festival rigolo comme tout. En particulier, il y avait des tournois d'un sport assez populaire en asie du sud-est qui se joue sur un terrain de volley (ou de badminton suivant le niveau), en suivant les regles du volley-ball a un leger detail pres qui est que ca se joue avec les pieds. Inutile de preciser que c'est extremement spectaculaire (smasher avec un pied c'est sportif et ils balancent des coups de pied sautes dans tous les sens), et que je vais essayer de me trouver un match entre pros en Malaisie. Aussi, le bonhomme sur la photo est en train de servir.
Camphron

Tout ca n'etait guere surprenant au final : on vient au Laos pour l'ambiance meta-tranquille, pas pour faire un gigantesque tour culturel du pays. Ledit pays est tres peu developpe, et la grande majorite de la population vit de sa production de riz/cereales/legumes. Peu importe, c'est tout de meme tres agreable, et j'ai donc mis le cap sur les 4000 iles, gros tas d'iles plantees au milieu du Mekong. Le trajet depuis Champasak etait marrant, accroche au dos d'un pick-up dans le plus style Birmanie (je reutilise la photo sans vergogne):
Local Transport
Je me fais dropper au milieu de nulle part, je verifie que je suis bien a Don Khong ('Don Khong?' et le type agite la tete dans tous les sens puis pointe dans une direction) puis je me dirige vers la riviere ou je suis cense prendre le ferry pour l'ile parce qu'en fait je n'y suis pas tout a fait. Trois laos passablement endormis sous un arbre me regardent arriver, l'un d'entre eux debarque et me propose 70000kips (7 dollars) pour les 5 minutes de traversee. Je lui dis non, je m'assied sous l'arbre, commence a lire ma bible ('SouthEast Asia on a Shoestring'), et un autre bonhomme debarque avec un vrai prix. Je traverse, et la tout devient encore plus zen. Apres deux jours de conversations diverses jusqu'a point d'heure et une apres-midi de velo autour de l'ile - et moult maledictions proferees a l'encontre des coqs qui se mettent a chanter sous votre fenetre a 2h,3h, 4h, 5h du mat -, direction la version extreme de tout ca, a savoir le paradis sur terre nomme Don Det.

Pas d'electricite (hors generateurs), vaguement le net (trop cher et trop lent), le mekong et les bateaux de peches, et des hamacs, autant dire que c'etait nickel. La famille qui gerait la guesthouse etait completement dingue mais tres amusante, et avait decide que les touristes de passage faisaient d'excellents babysitters pour leur fils de 4 mois nomme Bo.
Les quatre jours (?) se sont donc deroules parfaitement bien, a ne rien faire sauf a parler a la lueur des chandelles en tapant les B52s locaux (il y en avait toute une collection et leurs piqures demangent) tout en buvant l'excellente BeerLao et en profitant des levers et couchers de soleil sur le Mekong tout a fait somptueux. Note : les photos sont affreuses, mal cadrees, et beaucoup trop sombres mais c'est mieux que rien. Si je trouve sur un soft de traitement d'image dans un cybercafe je ferai les corrections necessaires.
Evenings in Don Det
Midges
Sunrise over Don Det
Sunrise over Don Det
Sunset Over Don Det
Sunset Over Don Det

Apres cette semaine (Don Kong + Don Det) parfaitement epuisante, nous sommes repartis en direction du Cambodge apres avoir assiste a un dernier lever de soleil. La frontiere etait typiquement cambodgienne : ils voulaient un dollar 'for the service' qui allait evidemment directement dans leur poche. N'ayant pas l'intention de payer le dollar,je leur ai demande un recu, qu'ils n'ont pas voulu me donner. D'autres voyageurs se sont contentes d'un 'here is your corrupt dollar'. C'est que ces nains savent qu'ils ont une clientele captive... Les Laos de l'autre cote (on quitte le Laos d'abord puis on rentre au Cambodge ensuite, tout ca au milieu de la foret, c'est completement delirant, et je raconte tout a l'envers) ayant trouve que c'etait quand meme une bonne idee, ont fait la meme chose. Ils me demandent donc un dollar, que je refuse de payer. Ils laissent donc mon passeport sur la table, et tamponnent le passeport des autres voyageurs prets a payer un dollar. Arrive Estela, qui leur fait un grand sourire et leur dit qu'elle n'a pas d'argent. Apres quelques secondes de lent debat interieur (on est au Laos), le douanier se fait pousser du coude par son voisin et tamponne. Je lui demande pourquoi il a tamponne son passeport et ne veut pas faire le mien, ce a quoi il me repond 'I did not stamp her passport'. J'aime la corruption.

Nous avons fini par arriver a Stung Treng au nord du Cambodge, qui a donne la tonalite pour le reste du pays, a savoir 'detruit par la guerre civile', pour repartir pour Kratie ou on etait cense (en fait ca a marche) voir les dauphins d'eau douce qu'il y a dans le Mekong (j'ai quelques photos d'ailerons si ca interesse quelqu'un). Le trajet s'est en fait revele plus interessant que Kratie elle-meme, puisqu'on a ete arrete a mi-parcours par des helicopteres delicatement poses en travers de la route pour proteger la femme du president qui venait visiter une ecole au milieu de nulle part. Comme on n'avait rien a faire, on est sorti du bus, et on a commence a discuter avec un moine qui voulait pratiquer son anglais (tous les cambodgiens semblent parler anglais, c'est hallucinant), m'a parle des merites compares du Pali et du Sanskrit et nous a emmene manger dans le restau local (Pao : c'etait comme les tea houses en Birmanie sur le bord de la route) avant de nous presenter sa grand-mere. J'ai dit un truc sur la Birmanie a un moment d'ailleurs, et il a decide que j'etais birman. Je n'ai pas vraiment reussi (je crois) a l'en dissuader...

Apres Kratie, direction Phnom Penh, sympathique ville massivement polluee pour aller visiter S21 (l'ecole transformee en prison dans laquelle des milliers de cambodgiens ont ete massacres) et les 'killing fields', ancien charniers geants. C'est assez terrifiant : grosso-modo 15% de la population cambodgienne sont morts pendant la guerre (ou la famine qui a suivi), et a peu pres tout le monde a perdu une partie de sa famille. Mon chauffeur de tuktuk m'a balance de but en blanc lorsque je suis sorti du musee qu'il avait perdu sa mere et son pere pendant la guerre.

Apres Phnom Penh, direction Kompot, ville aux gens adorables (si on est perdu ils proposent de monter sur leur moto en disant 'I'll give you a lift' ), et la Bokor Hill Station, ancienne station de montagne desaffectee parce que les khmers rouges s'y sont installes jusqu'en 1998. C'est tres tres bizarre, presque science-fictionnesque (pas de photo), et on peut tout de meme passer la nuit en haut (recommande) apres avoir fait un trajet en moto (avec chauffeur) sur des routes parfaitement immondes qui detruisent le dos. J'en ai profite pour rencontrer Greg (anglais qui bossait avant pour l'OMS) et Lex (anglais voyageur au long cours) au sommet, et Greg m'a parle de la corruption endemique au Cambodge. Apparemment, seulement 20% des fonds alloues au Cambodge par l'OMS servent vraiment, le reste part directement dans la poche des officiels.

Quelques particularites du pays sinon : on paie en dollars partout (et ne prennent que des billets neufs ou propres) ou sinon en riels, et on peut acheter des cigarettes Alain Delon qui est manifestement une superstar sur place. Demain, je pars pour Siem Reap et Angkor Wat...